Jour 11 : de Kjeragbolten à à côté de Kjeragbolten, environ 10 km

Total : 2 810 km

Aujourd’hui, nous grimpons le mont Kjerag ! Au bout de l’ascension, un caillou coincé entre deux falaises : le Kjeragbolten !

A noter que je n’ai plus de sous-vêtements et que je me prépare donc à affronter cette randonnée en dessous de maillot de bain. J’dis ça, j’dis rien.

Il fait froid et un peu venteux, lorsque nous remontons sur le parking Øygardstøl où débute la randonnée. Je regarde le trajet, nous sommes à 638 m d’altitude, nous devons grimper à 1 020 m. La randonnée est composée de trois montées. La première est à pic, des chaînes sont installées dans la roche pour aider les randonneurs. Ca promet… Mais le reste à l’air simple. Clément est confiant, comme toujours, plein d’entrain à l’idée d’un nouvel exploit. Nous payons 200 nok (environ 20e) le parking et c’est parti.

Kjeragbolten : trois bosses pour un caillou

La première bosse est en effet un mur. Mais les chaînes font le boulot, mêler la force des bras à celle des jambes rend le tout assez facile et du coup peu fatigant. Nous découvrons alors un plateau verdoyant, parsemé de filets d’eau un peu partout, de micro-rivières et comme un air de « La petite maison dans la prairie » s’évapore des lieux. Clément part à la rencontre des moutons qui traînent. La mélodie de « La petite maison dans la prairie » se mêle au générique de « 30 millions d’amis ». Je regarde tout ça avec beaucoup de tendresse. Mc Giver est aussi l’ami des bêtes.

Nous entamons la deuxième montée, et rencontrons une famille de 4 Suisses ! Décidément que de Suisses dans ce pays !

La petite famille vient non pas de Zurich mais de Genève ! Nous papotons de nos voyages respectifs. Ici le trajet est encore autre, de Genève, la troupe ira jusque Trondheim. Ils viennent tout juste de commencer leur voyage de quelques semaines. La petite Olivia se prend de passion à raconter sa vie à Clément, son nouveau meilleur ami, tandis que Paul, le petit à plus de mal à apprécier la troisième et dernière montée ! Nous voilà donc tous les 6 à parcourir cette fin de randonnée ensemble.

Arrivés en haut, il se met à pleuvoir et la brume nous envahit d’un coup. Clément craint quand même pour son matériel et me demande 254 fois si sa housse est bien mise. Mais on a déjà saisis que c’est comme ça dans ce pays, nous commençons à être habitués et à ne plus nous formaliser. Désormais on a toujours tout ce qu’il faut sur nous, la housse, les 45 k-way, les gants, le tee-shirt, le bonnet, la casquette, le pour le chaud, le pour le froid, la neige, la canicule. Tout peut changer, tout le temps en un clin d’oeil.

C’est fascinant. Le paysage est alors complètement différent. Lunaire, blanc, gris, parsemé de cairn, ces petits tas de pierre qu’il ne faut pas toucher. Officiellement ils montrent le chemin en complément des marques rouges, mais dans la tradition ils sont aussi signe de voeux. Briser un cairn est alors briser un voeux.

Nous préférons cette ambiance à sa cousine Preikestolen. Il y a moins de monde et on se sent bien plus en immersion dans cette nature si particulière. L’effet de la brume y est aussi pour quelque chose notamment à un moment où nous sommes sur un plateau large, désertique et sans risque.

caillou Norvège Van kjeragbolten
Norvège Van kjeragbolten

Kjeragbolten, pierre précieuse du Lysefjord

Nous arrivons à un chemin plus étroit entre les pierres, là où les bruits et les cris naissent. Il ne pleut plus. Le fameux caillou est à porté de vue. Derrière une petite foule de randonneurs se trouve cet improbable phénomène. En effet, il y a bien un gros caillou coincé dans une sorte de crevasse. C’est complètement dingue ! On a vraiment l’impression qu’il est tombé du ciel et boum s’est coincé.

Sur le côté droit, la montagne continue de s’étendre vers le ciel, sur le côté gauche, la roche qui coince le caillou se situe en fait sur espace plat où les randonneurs déambulent, tantôt près du bord, tantôt près de la pierre mythique. Ici aussi, comme à Preikestolen, il n’y a pas de barrière. Les norvégiens font confiance à l’instinct de survie et la prudence de chacun.

Il y a donc deux attractions sur ce lieu. Les regards sont portés naturellement sur le caillou bien sûr. La roche gauche qui le maintient pars sa gauche permet aux randonneurs de se cacher en faisant la queue, pour monter dessus. Là où de mon côté, mes jambes ne peuvent aller. Les voyageurs grimpent sur la pierre, à plus de 1 000 m du vide, car il est en sa tête assez plat. Mais tout de même… Clément, chat de gouttière dans une autre vie, ira aussi faire l’expérience. Moi frileuse, deale et monte uniquement sur le large flanc gauche qui la coince.

Kjeragbolten, the place to be pour les Suisses

Et puis, et puis, comme la Norvège est le pays des Suisses, nous retrouvons Sébastien et Rebecca, rencontrés la veille sur le ferry ! Nous avons donc deux familles de Suisses au même endroit, en même temps ! Mais vive Kjeragbolten ! Tandis que la Genève team nous quitte après leur pique-nique, nous restons avec l’équipe de Zurich ! S’en suit la série de photos inévitable. Rebecca parle allemand et un anglais impeccable donc c’est plus difficile de discuter, mais on comprend qu’elle n’est pas over over à l’aise sur ce caillou ! Nous nous attardons et à raison car le flot de touristes disparait peu à peu. Nous nous retrouvons à admirer le paysage hors caillou, qui s’offre à nous, tout simplement. Grandiose, magnifique, impressionnant, vertigineux. Beau.