Trolltunga est un chemin long de 13 km, qui se compose en 2 montées et un plateau, avant d’atteindre ce qu’on appelle « La langue du Troll ». Un caillou en forme de langue donc, à 604 mètres d’altitude dessus du fjord, c’est une habitude ici ! Le guide annonce une randonnée de 10 à 12 heures. Gloups…

Allez haut les coeurs, partons faire cette randonnée qui nous donne tant de mal depuis quelques jours. Un départ à 8h30, et hop une montée en épingle, dédiée initialement aux voitures, d’entrée de jeu ! Raide et longue ! Clément fait un peu le coq a marcher vite et fièrement, double joyeusement nos camarades tandis que je chauffe plus lentement mes jambes. La montée est du goudron donc ce n’est pas l’idéal, on croise une cascade, des rails abandonnés qui devaient servir à alimenter la vallée. Puis au 456789e virages, nous accédons à la seconde montée.

Ici il s’agit d’un escalier en rochers, on accède progressivement à un nouveau paysage, bien plus sauvage. Il fait froid, la vue se mêle à la température, une multitude de couleurs automnales sur un panorama d’est en ouest totalement dégagé. La montée reprend un peu plus loin, nous avançons avec les autres randonneurs, en bon rythme, Clément devant me guide quand c’est boueux. Quel gentleman. On est content, on avance bien !

Et puis nous accédons à la 3e partie. Un panneau est planté la, dessus on peut lire:  » Hors saison été. Si il est 14h, rebroussez le chemin, la nuit tombe vite. » Okay, pas de panique on est en été et il est encore tôt. Le plateau s’étale sur 6km, on avance sur de la gadoue, de l’herbe, des planches de bois, Clément prend ses photos. Il fait froid et humide, mais tout va bien, on se dit que la veille aurait été horrible. La neige fait son apparition ! A partir de là, on est à peu près certain d’être proches du but. Chaque mont et virage est le dernier. Et puis non. Le prochain et puis non.

De notre point de vue, il y a une 4ème partie, très belle aussi, mais difficile car très boueuse, et surtout très longue ! Les jambes commencent à fatiguer, je patine plusieurs fois, ma cheville droite tique un peu, Clément lui tombe deux fois et se blesse au genou gauche, un bel hématome en naîtra mais rien de cassé. A ce moment là, on découvre un lac magnifique, ce n’est pas la destination mais elle pourrait l’être. On fait une longue pause tellement c’est beau. Ca nous regonfle un peu le moral. On reprend, et on entend une voix familière dans notre dos qui avance à grands pas : Martial ! Sans son vélo mais en courant, notre collègue suisse rencontré la veille est là aussi ! Il ne fait pas Trolltunga en marchant mais en courant. Ce Suisse est fou ! RDV pris à l’arrivée… qui n’est pas prête d’arriver ! On en voit pas le bout ! C’est beau mais c’est loin, très loin, très, très, très loin, et ce n’est que l’aller !!!!!

C’est un peu dur, on commence à se l’avouer et admettre que les guides ont raison de prévenir du niveau. Nous arrivons péniblement à un espace sombre, fait de rochers noirs. La pluie continue de jouer à cache-cache, en petite dose et puis nous atteignons enfin cette langue trollienne ! Au bout de 5 heures !