Jour 22 : de Andalsnes à Norafjellet, 10 km
Total : 3 843 km
Aujourd’hui, nous avons décidé de faire la randonnée sur le mont Norafjellet, conseillée par l’adolescent de l’office de tourisme d’Andalsnes. On se réveille dans ce sublime parking de la gare, qui entre temps a repris vie. Le soleil est de retour et la ville semble tout de suite plus jolie. Ce matin, on va un peu bouiner en ville. Je file en quête d’écharpe ou de cache-cou (en vain, c’est pas possible : dans un pays glacé impossible de trouver une écharpe !) tandis que le sieur Clément s’attarde dans le centre dédié à l’escalade et de via fierrata, au milieu du port. Hors de prix. Pour se consoler je complète ma collection de cartes postales et cherche quelques souvenirs. Hors de prix aussi. Lancés en mode shopping, le fameux câble de la go pro et une carte SD n’échappent pas à la règle : 40 e. Hors de prix. Une matinée à tenter de trouver le moins cher qui tourne en eau de boudin. Ce pays aussi charmant soit-il est tout de même 2 à 3 à 4 fois plus cher que la France. Ca pique. Ca pique tellement que nous restons sur notre pain de mie advitam (à 4 euros, oui, oui, oui) et nos petites tranches de jambon ( à 75 dollars).
Le point de départ de Norafjellet. est en un endroit à l’écart de la ville, en bas du mont, près de la route mais bien caché. Un autre van est là, c’est bon signe ! Mais nous commençons sérieusement à être décalé. Il est 16h quand on déjeune notre pain de mie au jambon et je me sens déjà complètement cuite. J’ai moyennement envie de crapahuter tout là-haut mais Clément est à fond. Le voilà même à tailler du bois pour faire un bâton de randonneur, Charles Ingalls est visiblement de retour dans son corps. Bon, bon, bon. Les randonneurs du van en reviennent et nous disent qu’il y en à pour 3h pour venir à bout des 959m, que c’est relativement boueux et pentu. Bon, bon, bon. Ok allons-y. On est serein, on a fait Trolltunga, donc easyyyyyy !
Norafjellet, une montée qui promet !
On décolle à 17h, Clément en premier et moi qui traîne la patte. Qui traaaaaaaaaaaîne beaucoup la patte. C’est glissant, c’est un peu raide, je ne suis pas au top de la motivation mais vaille que vaille, je suis le berger polonais et son bâton de pèlerin. On s’arrête à deux points de vue, très beaux, bon je boudouille et ronchonne mais c’est vrai que ça promet un sommet très joli.
Nous repartons l’atteindre mais en cours de route je baisse les bras. J’ai envie de m’arrêter, je ne suis pas trop dedans. Clément me pousse, il a peur que la brume s’installe et qu’on n’y voit plus rien. Je me secoue mais nous perdons le chemin sans trop nous en rendre compte, ce qui n’aide pas ma motivation. On se retrouve entourés des arbres et des rochers sans les fameuses marques rouges… Pilalilalou… Clément veut continuer et transformer l’essai en raccourci, moi je suis pour faire demi-tour car nous n’avons pas du nous éloigner bien longtemps du chemin. Heureusement nous croisons une randonneuse, elle aussi perdue. Elle remonte et nous fait signe qu’elle a retrouvé la voie, Mazel tov pour lui, Alléluia pour moi ! Il aurait manqué cette anecdote au périple ! La norvégienne nous motive nous disant que nous y sommes presque et que la brume se dégage… Okay, elle, comme tous les norvégiens, est un guépard qui flotte sur les rochers et nous la perdons rapidement de vue. Nous parisiens, nous chatons, pas guépard. Groumpf.
Un coucher de soleil exceptionnel
L’arrivée au sommet de Norafjellet est plus difficile, il faut escalader quelques rochers, cette boue nous freine, nous gêne, heureusement nous sommes habitués. La dernière ligne droite est compliquée. Je perds en rapidité, c’est un passage difficile où il faut un peu escalader et le chemin n’est pas limpide. On tâte à chaque pas, cherchant le moins de boue possible, tantôt sur de la roche, tantôt du bois, tantôt sur de la pierre. Clem commence à stresser, il a peur de la brume, que l’on se blesse et que l’on se perde, car l’écart entre nous s’agrandit. Et à raison. A un moment je le perds de vue. Il est un peu plus loin devant mais je ne peux pas le voir. Je l’appelle mais il ne m’entend pas et inversement. Je finis par passer une montée rocheuse et je l’entends m’appeler ! C’est bon la silhouette réapparait dans mon champ de vision. On est toujours un peu en décalé, il m’ouvre la voie, me conseillant et me guidant, et surtout anticipe la brume potentielle.
Et puis, à force de courage et de persévérance, tels deux guerriers revenant du front, après une lutte interminable contre l’ennemi nous arrivons étendard en main au pic de Norafjellet ! Il doit être 20h quand nous arrivons, et nous réalisons que ce n’était pas 3h en tout mais 3h l’aller ! Aaaaaahhhhhhh !!!!
Il fait brumeux et froid, je me crois en ex-URSS, en arrivant au Cairn signifiant la fin du voyage. J’en profite pour y déposer la boite de petits pois de Lulu et la prendre en photo, pendant que Clément regarde une suite potentielle à la randonnée qui mène vers les neiges éternelles du sommet voisin. Pour aujourd’hui NO WAY. Et puis la brume se dégage et là…. changement de programme, un spectacle magnifique s’offre à nous. Nous assistons à un coucher de soleil exceptionnel qui illumine une partie de la vallée, laissant l’autre dans l’ombre. Et oui, nous avançons dans le temps et le soleil de minuit anticipe sa descente désormais ! Les puits de lumière entre les montagnes sont tout simplement sublimes ; la pluie, la brume et le soleil mélangés en une seule fois donnent naissance à un ar-en-ciel époustouflant devant les montagnes jusque les habitations qui longent le lac ; la vue panoramique donne un air de campagne à cette partie du pays. Pour Clem il s’agit sans hésitation de sa plus belle rando ! Seuls au sommet, nous avons du mal à partir, c’est juste BEAU.
Qui dit coucher de soleil, dit nuit
Ici le coucher de soleil dure 200 ans donc nous ne sommes pas inquiets mais on reste vigilants, car du coup 2 à 3 heures de marche seront nécessaires pour la descente. Le retour de Norafjellet est plus simple mais reste un peu éprouvant. Nous croisons un couple qui tombe 2 fois à cause de la boue. Vraiment cette boue ! On se stresse un peu pour atteindre les deux points de vue du début pour compléter les photos avec un autre angle, mais c’est trop juste. Le soleil a bougé et la lumière derrière les montagnes a perdu de son intensité.
Et oui, nous ne nous perdons pas mais nous nous faisons quand même rattrapés par la pénombre de la foret en toute fin de randonnée. Le dernier quart d’heure sera accompagné de la lumière de notre iPhone, pour une arrivée au van à 22 h épuisés et trempés jusqu’aux os ! On se demande même si on ne pourrait pas aller se réchauffer et se laver dans la douche bien chaude du camping d’en face, sans pour autant y passer la nuit ! Et puis non, on verra demain comment faire. Pour le moment la priorité est d’avaler un bout et de se changer au chaud. Nous sommes seuls, le van voisin a quitté les lieux du coup nous décidons de rester ici, ce sera parfait pour ce soir.
Clément complètement hors circuit, comme la batterie de son appareil photo et l’état des chaussures, déclare forfait pour la randonnée prévue demain, Romsdalseggen qui dure toute la journée et qui est LA randonnée de la région. Tant pis, on a vu tellement mieux ce soir. Encore une fois, sortir de la masse touristique révèle de bien beaux émerveillements.
Infos rando
- Norafjellet, à Sogge Berget, (en bordure d’Andalsnes), voir le point 22 sur la Clemap
- 959 mètres de dénivelé
- 6 heures
- gratuit
- randonnée marquée
- niveau de difficulté : de moyen à difficile
Trackbacks (rétroliens) & Pingbacks
[…] pas et replonge dans un sommeil de plomb finir ma nuit. On se laisse dormir pour récupérer de la randonnée d’hier, et au réveil, un café et on fait point sur le programme : soit on reste encore un […]
Les commentaires sont fermés.