Jour 23 : de Norafjellet à Averøy, par le pont Storseisundet, 120 km

Total : 3 963 km

Ce matin, le réveil pour la grande randonnée de la région sonne à 7h. Clément a dealé que si les chaussures étaient encore trempées au réveil, nous abdiquerions. Bon il y avait 9,9 chance sur 10 que ce soit le cas. Je constate rapidement que c’est confirmé, ne lutte pas et replonge dans un sommeil de plomb finir ma nuit. On se laisse dormir pour récupérer de la randonnée d’hier, et au réveil, un café et on fait point sur le programme : soit on reste encore un peu dans la région, soit on lève les voiles vers d’autres horizons. J’aimerais vraiment voir un pont-serpent, qui monte et ondule en reliant de toutes petites îles : le pont Storseisundet. Assez connu il se trouve à Averoya, à une centaine de kilomètres, faisable donc. Et puis ce soir, pas de débat, il faut trouver un camping pour se doucher ! Vamos allons chasser le serpent !

La Bretagne norvégienne

La route est belle et il fait super beau. On se rapproche du point final assez rapidement et petit à petit, le décor change. On se croirait en Bretagne, à longer la côte. La mer est bleue. Il fait grand soleil. C’est top ! On pique-nique en bord de mer, sous une chaleur douce, qui réchauffe les corps abîmés et courbaturés de la veille. Nous voilà sur la Route de l’Atlantique, qui survole l’eau sur 8 km. Elle a été construite sur plusieurs récifs et relie les îles entre elles par huit ponts. Le pont Storseisundet est le plus connu des huit, « la route vers nulle-part » car lorsqu’on regarde le pont sous un certain angle on a l’impression qu’il s’arrête au milieu. Uhm, interesting. En s’approchant du pont, Clément repère dans son viseur de chat de gouttière un bateau abandonné le long d’une micro-presqu’île. Ni une, ni deux, on gare le van pour qu’il puisse se faufiler vers le bateau. Je reste à veiller sur la maison, appréciant les rayons du soleil tandis qu’il part enquêter. Nous sommes un peu sceptique de base, car il y a une barrière d’entrée de jeu, qui indique que la presqu’île est privée. Et cela se confirme, l’enquête tourne court, le bateau est inaccessible à pied, il faut naviguer pour l’atteindre. Arf. La vue compense la déception, je m’imagine vivre dans ces petites maisons isolées et entourées d’eau et de rocher. Effet carte postale bonjour ! Et ce n’est pas fini, un peu plus loin se trouve l’objet du jour : le pont Storseisundet !

Storseisundet, un pont bien étrange

Le pont est connu pour sa courbure et son virage en fond de mer, donc on le reconnaît facilement. Il y a beaucoup de touristes aussi, mais l’endroit est joli. Les petites îles parsemées de boutons rouges et de rochers l’entourent et vivent au rythme des pêcheurs qui prennent le temps. Ca nous change cet air. C’est doux, c’est serein, c’est vivant mais tranquillement. On le prend en photo, avant, pendant, après et puis pour une fois : on se sépare 30 minutes ! Clem part faire des photos du pont de tous les angles, moi je pars faire la promenade installée sur l’eau et les rochers. Hop, je profite d’une ouverture et vais me faufiler sur une pierre près de l’eau. Je regarde la mer, laisse mon cerveau divaguer sur ce voyage exceptionnel et m’endors gentiment sur mes genoux ! C’est un touriste chinois qui me réveille, il a peur que je tombe dans l’eau ! Ok ok ! Je retrouve Sherlock qui examine de près une voiture décorée kitchouille-la-vie, perplexe et fasciné par autant de décorum pour une voiture ! Et puis, notre odeur nous rattrape et nous quittons Storseisundet pour chercher notre camping (et donc notre douche) !

La guerre est déclarée !

Au bout du monde, on trouvera le camping Lyso, comme prévu au milieu de nulle part : à Ljøsøya sur l’île d’Averoya. La petite histoire pour l’adolescente qui sommeille plus ou moins en nous : le camping est tenu par un couple. L’homme ancien diplomate au ministère des affaires étrangères de Norvège a tout plaqué pour suivre sa belle et créer ce camping ! Sortons les pop-corns et les mouchoirs, ça me plaît déjà ! Le camping est très bien, ni grand, ni petit, un peu étalé, beaucoup de murs d’arbres laissent un peu d’intimité. Il ne reste qu’une place avec électricité pour le van, qui n’est pas la meilleure du coup, mais qu’importe !

Ce soir je suis motivée pour lancer un barbecue avec mon super mini barbecue de poche (véridique) et… c’est un échec cuisant ! Cuisant, c’est le cas de le dire ! Mais quel humour ! Anyway, le charbon belge ne prend pas, la viande tombe par terre, je m’essouffle sur les braises, en vain. La cata. Je double donc le dîner sur le réchaud, je suis trop déçue ! Clément lui gère la logistique, et nous installe un petit coin dîner, petite musique, tout ça. Mais dès que le soleil commence à descendre, le drame : invasion de moucherons ou de midges ! Hyper agressifs, on se fait piquer 200 fois en 2 minutes. Ni une, ni deux, on s’enferme dans le van en quatrième vitesse ! Bizarrement nous comprenons mieux pourquoi nous étions les seuls dehors depuis une demi-heure. Maintenant nous saurons : jour de beau temps sans vent gare à ta peau !

Je prends mes habits d’infirmière au cas où les morsures seraient mortelles et je sors l’artillerie pour le soldat Clément : Sopalin, bougies anti-moustiques, spray anti-moustiques pour le corps, spray anti-moustiques pour les vêtements, stick anti-moustiques pour le visage, bracelets anti-moustiques. La totale ! Le commandant en chef est dans la place, il construit des barrages dans le van, des pièges, des mirages et attaque à droite, à gauche, dessus, derrière, sur le côté ! Nous exterminons relativement facilement l’armée ennemie, mais pour être bien sur, ON NE SAIT JAMAIS, Clément installe la moustiquaire de tente pour la nuit. Dans le van, oui, oui. ON NE SAIT JAMAIS. Qu’on se fasse manger. Ahum. Résultat on se retrouve en mode tipi style dans notre 4m2 réduit désormais à 2m2 ! Tout va bien. Grand chef valeureux est rassuré et une belle nuit trèèèèès pratique en perspective se présente à nous !

Infos camping

Lyso camping
1 van, 2 personnes : 25 euros
2 douches : 4 euros