Jour 45 : du Cap Nord à Karasjok, 265 km

Total : 7 100 km

La nuit fut rude. Le vent souffle sur la plaine du Cap. Notre van est ballotté de tous les côtés. Albane dort mal, elle s’imagine le van se retourner.  Nous nous réveillons vers 9h. Le vent souffle encore très fort. Il ne fait pas très beau mais ce n’est pas très important. L’important est d’avoir pû profiter hier du beau temps sur ce lieu. Nous devons nous préparer à partir car sur ce site très touristique, la place de stationnement est seulement de 24h. Nous avons un peu de temps, en fonction de notre arrivée hier, nous devons partir avant 13h46. Donc en attendant nous allons profiter des animations du centre à l’intérieur.

La parenthèse culturelle du Cap Nord

Nous allons visiter le centre, il propose un film panoramique, un musée thaï en rapport avec l’histoire norvégienne (si, si c’est véridique) et un spectacle son et lumière.

Le film panoramique est très bien fait, avec une recherche esthétique de qualité mais un peu court. Par contre les écrans ne sont pas au top pour restituer les images. En tout cas, le film donne une dimension nouvelle du Cap Nord dans la vie des lapons. Il dure 16min et raconte la vie du Cap au gré des 4 saisons.

Nous cheminons ensuite dans les entrailles du centre, dans le sous-sol avec un petit musée explicatif de la vie ici. Nous découvrons que le Cap Nord a été marqué sur les cartes en 1558 par un explorateur anglais en quête d’une voie maritime vers la Chine…

Le roi Oscar 2 de Norvège et de Suède vint ensuite bien plus tard faire la périlleuse montée vers le pic car à l’époque il fallait débarquer en bateau puis gravir les 300m de falaise pour admirer la vue. Il érigea une stèle (qui était à l’époque à la place de la très connue sphère). Ensuite plus surprenant le prétendant de la couronne de France Louis Philippe 1795 en exil en Norvège fit le trajet. On y trouve un buste de celui-ci dans le musée. Encore plus étonnant, le roi Thaï fit le voyage et signa une stèle présente au Cap. Un musée lui est dédié et explique la présence marquée de touriste thaï. Pensez à retirer vos chaussures dans le musée…

En chemin, nous croisons une toute petite chapelle consacrée est aussi présente dans ce sous-terrain. Nous avons ainsi assisté à un mariage, assez fréquent en ce lieu ! Drôle !

Enfin nous terminons la visite avec le spectacle son et lumière très cheap et franchement décevant…

Nous reprenons notre petite vie de vanneurs après cette parenthèse culturelle. Nous cachons notre vaisselle à laver… si si, et on essaye de faire aussi discrètement que possible notre vaisselle dans les wc du centre. Heureusement c’est la fin de saison il n’y a personne… mais bon nous sommes un peu gênés quand même !

Une fois prêts, nous nous attelons à faire la vidéo pour Anne-Solène et Romain, la cousine d’Albane et son copain, qui se marient en septembre. Une boulette lancée par des touristes avec la sphère dans le dos, quoi de mieux que ce lieu magique pour leur souhaiter tout le bonheur du monde ?!

Il est 15h, il est temps de dire au revoir au Nordkapp ! Une dernière photo avec le van en premier plan pour faire plaisir à Antoine de Freed Home Camper 😉 puis vamonos !

CAP NORD KARASJOK LOUP VAN
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En route vers Karasjok, ville incontournable des Samis

Nous quittons les lieux sous la tempête, le vent souffle très fort et la pluie s’invite à la partie. Nous passons par des lieux recouverts de brume. Albane n’est pas rassurée. Nous croisons des rennes, et même des familles, on voit des bébés rennes. C’est fou.

Nous passons par la petite ville du coin recharger en carburant. Nous sommes toujours en quête de manomètre depuis une semaine pour vérifier la pression des pneus mais décidemment c’est introuvable. Il y a une sorte de pompe mais ce n’est pas ça fausse joie. On se dit qu’on est quand même un peu limite… Et puis je craque : j’achete une cagette de bois.  J’ai trop envie de refaire du feu. Très bonne idée !!!

Direction Karasjok, la ville du parlement Sami. Nous prenons la route du sud, sous la pluie et le vent… Il arrive parfois des moments assez exceptionnels, le temps se dégage. Le soleil réapparait. Nous observons alors la beauté du paysage sous le soleil, les nuages, la pluie, puis un arc en ciel. Un magnifique apparaît complet au dessus de la mer et des maisons. Je shoote non-stop pendant plusieurs minutes. Albane s’arrête près de la mer pour prendre une pierre pour son père et là boum rebelote, un autre arc-en-ciel danse devant nous. Puis un peu plus tard un 3e ! Il me faut plusieurs arrêts pour photographier tout ça. Nous n’avançons pas vite mais mon Dieu que c’est beau… Je retrouve la puissance des paysages islandais sur cette route. Une visibilité à des centaines de km avec une lumière parfaite, bref le bonheur.

Au bout d’un moment, nous nous arrêtons pour faire une pause car on commence à sentir la fatigue. Albane se gare sur un parking à boutique en bois de souvenirs, un peu à l’américaine. Et nous nous endormons à l’arrière du van. On se réveille une heure plus tard. Il faut rouler on doit avancer !

Nous y arrivons vers 21h. Il fait presque nuit. En effet, le routard n’a pas tord, c’est surtout une ville de station à essence. Nous voulons nous poser pour la nuit et moi je veux faire mon feu !

Visiter la mauvaise église de Karasjok : check

Nous passons devant une église. Albane a lu un truc à ce sujet dans le Guide du Routard, du coup elle en profite et gare le van. L’église aurait survécu aux destructions des nazis durant la seconde guerre. Bon, l’église n’a pas l’air d’époque mais elle y va quand même. Il s’agit plus d’une pièce qu’autre chose, avec un bac à baptême, plus un air de protestantisme que catholique. Une sorte de prêtre en civile est là. Ils échangent un peu, mais elle revient sceptique. C’est bien une église catholique mais pas du tout le style décrit dans le Guide du routard. Pourtant l’emplacement est bien celui-ci, derrière une station essence, tout ça. Bon.

Nous roulons un peu au hasard, il est temps de trouver notre lieu pour ce soir. La ville n’est pas dinguo, relativement vide, avec peu de chose, donc autant trouver notre nid pour passer une soirée sympa. En chemin, on tombe sur une autre église en face d’une station essence ! Aaaaahhhh la voilà la bonne église ok ! On ira demain !

Quête de la magie du soir, bonsoir !

Nous dépassons l’église et tournons vers la droite sans savoir du tout où la route nous mènera. Nous traversons une résidence puis nous suivons la rivière qui longe la ville. Nous testons une route en terre qui ne donne rien et qui n’est pas hyper stable pour le van, qui n’est pas un 4×4 comme on pourrait le croire !

Puis je vois une route de terre sur la droite. Je dis à Albane et pourquoi pas par-là ? Elle se gare, elle est fatiguée, je pars en reconnaissance. Je marche une centaine de mètres. Puis je vois un renfoncement au bord de la rivière, il y a une petite place pour faire un feu au bord de la petite falaise en haut de l’eau, un vélo bmx traine à côté, personne… Nous sommes seuls dans la nature. Je retourne la voir, c’est top, on peut s’y mettre.

Nous sommes sur une route qui part de la route appelé Bieskkangeaidnu (qui suit parallèlement la 92 de l’autre côté de la rivière). En sortant de Karajosk vers le sud, passez le pont puis prenez la route vers la droite qui longe la rivière. Roulez quelques minutes puis avant un garde de corps, une route de terre débute, vous y êtes !

Le lieu est magique. Nous sommes déjà trop bien et la nuit ne fait que commencer.

LAPONIE SAMI KARASJOK LOUP VAN

Entre loup et rivière, un lieu parfait

Je déplace le vélo un peu plus tard et suis en reconnaissance des lieux. Je commence à m’atteler à préparer le feu. Je pars chercher du bois et voir un peu les alentours. Albane installe le van pour la soirée et préparer ce qu’il faut pour le barbuc.

Pendant mon absence elle entend des hurlements de chiens ou de loups. Moyen rassurée, elle m’appelle mais je ne l’entends pas. A mon retour, elle me dit que clairement nous resterons ensemble collés toute la soirée. Ok capitaine !

Je prends trois buches, du bois et des aiguilles de pains qui trainent à foisons dans le coin et commence le feu, à l’endroit dédié. Il prend bien, les buches vendues dans les stations sont vraiment tops. Albane peu cuisiner : saucisses et poulet au feu de bois ! Miam !!! Nous sommes au milieu de nulle part. Au loin, on entend les chiens qui aboient, on dirait vraiment des loups. Nous espérons que nous serons tranquilles pour la nuit. Albane imagine une bande de loups surgissant de la nuit. On garde nos lampes torches au cas où et on laisse le van, qui est à dix mètres à peine de nous, ouvert pour une fois pour pouvoir monter dedans rapidement sans problème de clic de clés.

Nous mangeons, nous finissons le porto, emporté 46 jours plus tôt. Le whisky est sur la fin aussi… Et bien ça sent la fin du road trip… Je prends des photos et savoure d’autant plus ce moment. Le coucher de soleil est violet ce soir. Exceptionnel une fois de plus.

En tête à tête avec le loup

Et soudain on entend du bruit derrière nous. Albane braque sa frontale, un chien, un gros chien, ou pire… un loup… Il nous regarde. Un temps mort. En une seconde analyse de la situation, nous sommes coincés : à gauche c’est de là d’où vient la bête, derrière nous le vide, en face l’animal, à droite où est la meute. On a un self-contrôle de fou. Je glisse à Albane, passe-moi le bâton. Elle me le passe doucement. Ok, ma maglite, elle où ? dans le sac ? Non l’autre. Mince le sac est accroché à un arbre 1m plus loin de moi, vers le loup. Lui ne bouge pas, nous regarde. Albane croit voir une autre paire d’yeux verts derrière, mais non ce ne sont que des reflets. Panique et soulagement en moins d’une seconde. Je m’approche du sac et je prends doucement la maglite. J’éclaire le chien plein phare avec. Je fais mine au loup que je ne bougerai pas sans être agressif non plus. Il s’en va.

Effroi ! Nous nous remettons doucement de nos émotions mais on surveillera tout le long de la soirée si un autre chien ou loup ne se pointe pas. Un peu stressant cette situation. On range le maximum d’affaires et on s’organise au cas où. Branchette de pain à enflammer pour le cas où il faudra effrayer les bêtes sauvages à porter de main, le chien et le loup a peur du feu. Donc tant que le feu est allumé, on ne risque rien.

Les minutes passent et la… Je dis : Albane regarde ! Une aurore boréale !!!

Nous allons assister à une heure de passage d’aurores… ni une ni deux, je sors mon appareil et je shoote. Albane découvre sa première aurore boréale. Mon application Aurora m’indique que nous avons un Kp 5 ce qui est pas mal pour un 31 août… Quelle journée… Quel spectacle… Nous sommes au bord de la rivière, les aurores se reflètent dessus, la nuit est claire, les étoiles scintillent, nous sommes au chaud près du feu. Nous sommes heureux.

Il est 2 heures du matin, quand nous éteignons le feu et partons nous coucher, presqu’à contre-cœur mais il commence à faire froid, malgré nos pantalons de ski. La nuit risque d’être glaciale, nous flirtons autour du 0°… On se faufile sous la couette dans cette ambiance sur-réaliste, épuisés de ces émotions, à sentir le feu de bois et le chauffage à fond pour réchauffer le van.