Jour 44 : du parking au Cap Nord, 30 km environ

Total : 6 840 km environ

Nous passons la nuit sur le parking près du Cap Nord. Au réveil, une surprise de taille nous attend. En enlevant les isolants en aluminium des fenêtres du van, une dizaine de rennes entourent le van ! Tranquile Emile, les habitants de ces lieux prennent leur petit dèj ! Un truc de fou, de dingue, de malade !

Nous sortons du van encore endormis mais très rapidement pour vivre la scène. Il fait beau et le troupeau est éparpillé autour du parking. Quelques vans l’ont rempli cette nuit, nous sommes tous dehors à observer ce joli moment. Je pars marcher un peu plus loin mais je reste quand même à distance des bêtes. Elles sont sur leur garde quand elles entendent au loin des bruits de moteur mais sinon ne semblent pas effrayées. Elles sont chez elles, n’ont pas peur des étrangers et ne sont pas non plus agressives. Je me dis que les rennes cohabitent avec les Sami et sont habitués aux touristes. Mais tout de même. Seuls au monde, nous sommes à peine une douzaine de personnes sur ce bout de goudron en fin fond de nulle part. Il n’y a rien d’autre que la nature, les animaux et cette route qui mène au bout du monde.

Le Cap Nord, refuge de pêcheurs du Père Noël

L’ambiance est totalement différente d’hier soir. Le soleil donne un aspect bien plus féérique et campagnard que la veille ! Un panneau à côté du van indique un chemin de randonnée qui longe la côte pour aller jusqu’au cap. Ça y est, on y est ! Je prends le nain et la boite de conserve en photo, sur cette folle route, et m’affère au petit dèj ! On fait le point avec Clément, il faudrait racheter deux trois trucs et il ne faut pas aller trop tôt au cap pour pouvoir en profiter 24h. Donc nous décidons de retourner sur nos pas, et de rejoindre la ville que nous avions traversé hier pour faire le plein d’essence et acheter deux trois vivres.

Nous voilà donc à faire machine arrière. La route me semble complètement différente. Le moment que je craignais la veille en revanche est toujours impressionnant, avec le vide à côté, mais beaucoup moins que ce que je m’étais imaginée. Nous croisons une succession de bus touristiques qui se dirigent vers le nord, tout de suite on a une sensation de retour dans la vraie vie. Le prix à payer.

Nous descendons en bas, et faisons un stop dans un petit port pour regarder comment la vie s’organise ici. Les vas-et-viens classiques pour un bout de vie au bout du monde. C’est fou. Tout semble normal, alors que le port est vraiment loin de tout. Clem part fait des photos dans son coin, je vois qu’une baraque est dédiée au Père Noel. Ni une ni deux, je la prends en photo et continue mon storytelling pour les enfants de ma fratrie. Ma nièce Yanna est à bloc. C’est drôle ! Le village vit de la pêche et du Père Noël mais surtout de la pêche ! Il y a des gens qui vivent là.

Le Cap Nord !

Il est temps de remonter et d’accéder enfin au lieu tant attendu. Nous passons les caisses d’entrée et cherchons un endroit stratégique pour passer nos 24 heures sur ce lieu. Clément scrute avec attention et régularité son appli spéciale « Aurore boréales » car il rêve d’en voir ici ce soir. Il semble sceptique. C’est pas grave capitaine, allons voir cette boule à minima !

Le Cap Nord est complètement réinvesti par l’ambiance touristique. Nous faisons le tour du bâtiment unique, le côté Disney est moins fort que ce l’on craignait à l’entrée. Et nous en sommes en septembre, le flot de touristes s’est amoindri. Alors c’est tout à fait vivable. Et puis elle est là, derrière, près du bord, face à l’eau du bout du monde, cette boule !

Moment d’allégresse et de victoire personnelle, nous l’avons atteint !!!!! On reste dehors à faire le tour, et le refaire, prendre 10 000 photos de cet endroit ! Comme des gamins, fiers de notre coup ! On se rend compte aussi d’une petite arnaque, je vois sur ma gauche que la terre continue et se projette plus loin dans l’eau que là où nous sommes. Le vrai bout du continent le plus au nord est en fait un peu plus loin sur notre gauche ! Mais pas mesure de sécurité, a été décrété ce lieu, plus sécurisé. BOUH ! Nous restons des plombes à lire toutes les infos, à regarder le paysage, à se dire qu’on l’a fait ! Je fais un skype avec maman, un peu émue pour lui montrer pendant que Clément est en plein shooting.

On apprécie aussi qu’il n’y ait personne, du coup c’est agréable d’échanger avec les quelques touristes présents. Un français est là tout seul, il est venu pour faire le point sur sa vie. Un voyage, comme un pèlerinage. Un couple roucoule, deux femmes qui sont, vue la ressemblance, sœurs aussi prennent des poses selfies. A chacun sa démarche, à chacun son voyage. Je repense à Marcial, qui nous a raconté être venu en vélo jusqu’ici. Comment a-t-il pu faire le tunnel… ???

Le jour baisse peu à peu. Nous savons que nous passerons la soirée à regarder le ciel rosir au-dessus de cette boule. Alors en attendant, je pars faire le plein de cartes postales pour prévenir le monde entier, et aussi parce que je tiens à ce que les cartes soient tamponnées d’ici. Je fais le plein de cadeaux aussi pour les enfants. C’est hors de prix, alors il s’agit de bien réfléchir ! La boutique ferme du Cap Nord, nous nous prenons une bière pour fêter ça avant une nouvelle session shooting. Petit à petit le vent se lève et le froid arrive. Il y a un petit soleil de minuit, le ciel rosit. On part manger dans le van rapidement. Je suis complètement cuite et je n’ai plus trop de jus, mais je sais que la journée n’est pas finie. Le grand reporter polonais prépare son matériel, je me charge des couvertures, nous remettons des couches de vêtements pour affronter cette nuit glaciale, et nous filons nous installer pour admirer le ciel près de la boule.

La nuit arrive, je commence à geler. Non d’une pipe c’est qu’il fait froid ! La déception pointe le bout du nez de Clément, il n’y a pas d’aurores boréales, du moins on ne les voit pas. Peut-être dues aux lumières du centre qui restent allumées la nuit…

Au bout de deux heures, nous déclarons forfait, faisons une dernière fois le tour de cet endroit si symbolique et allons trouver le sommeil. Demain matin nous profiterons pour visiter le musée dédié, comprendre l’histoire du lieu, regarder toutes les autres salles, films et animations proposées.

Ce soir nous nous couchons au bout du monde. Et bien c’est fou.