Jour 21 : de Geiranger à Andalsnes, par la route des Trolls, 87 km
Total : 3 833 km
Ce matin, notre petite place de parking en plein point de vue est envahie par les touristes. Ni une, ni deux, on lève les voiles pour descendre voir si Geiranger est aussi jolie du bas que du haut. On remarque de loin des sentiers de randonnées, on regarde un peu mais il y a beaucoup d’agitation. Des ferries énormes prennent place dans le fjords à côté de stands de tourisme qui fleurissent à gogo. A ce moment là, nous nous rendons compte d’un phénomène qui s’installe progressivement, nous devenons un peu autistes dans notre bu-bulle. Un sentiment de fuite nous prend tous les deux en même temps. Cela fait 20 jours que nous sommes ensemble H24, à vivre de nature et de photo et le monde nous semble désormais agité. On fuit rapidement cette ambiance et ce monde. Une jolie montée comme je les aime m’attend : la route est abrupte, les virages serrés, étroits et surtout raides, mais la boîte automatique du van fait son boulot ! Nous ne le savons pas encore mais nous nous dirigeons petit à petit vers » Trollstigen « , la route des Trolls !
Touristes bonjour ! Touristes au revoir !
Pour le moment, nous remarquons qu’un virage est différent des autres, un point de vue, à l’opposé de celui où nous avons dormi, en face de l’autre côté de la vallée. Beaucoup de cars sont stationnés sur les petites places, ça grouille de touristes mais la vue est exceptionnelle. On se gare aussi pour admirer. C’est magnifique. Nous avons une vue différente sur Geiranger, de l’autre côté. Clément sautille avec son appareil photo et disparaît dans un recoin de montagne. Derrière le point de vue, un peu caché se trouve en effet un chemin de petite randonnée, plutôt une balade qui nous emmène à une cascade.
Il est tôt le matin et ce n’est pas prévu au programme donc nous ne la faisons pas complètement. Je profite d’être éloignée de l’agitation et d’une belle vue pour skyper maman, qui est chez le coiffeur ! C’est drôle, je lui montre où je suis, on peut échanger un peu, en gardant un oeil sur le débit internet. Ca fait du bien d’avoir des nouvelles, au bout de trois semaines.
Clem lui joue à Tarzan pendant ce temps. Je le rejoins dans la foulée de mon coup de fil sur cette petite balade isolée. Nous croisons deux français en chemin. On se dit que décidément les français sont toujours ceux qui cherchent des lieux isolés. A quelques centaines de mètres les groupes restent ensemble à regarder un paysage, alors que pas bien loin et seul, il prend une autre dimension.
On reprend finalement le chemin du retour au van tous les deux, tant bien que mal, l’impression d’être chez Disney est palpable et un peu agressive. On se retrouve derrière le bus du groupe 28, groupe d’italiens, et c’est parti pour notre chemin du jour. La route est finalement plus calme, mais impossible de trouver un bel endroit au calme pour déjeuner. Elle est parsemée de touristes. Finalement, nous trouvons le super endroit trop mignon, entre une cascade (la 76890986754e), une rivière et un petit pont en bord de route avec un super soleil. Aaaaaah on est bien lààààà ! Et oui, il semble évident que nous avons désormais un problème de communication avec le monde autours de nous !
Mais quelle est donc cette si jolie route ?
Aujourd’hui est vraiment une belle route. Peut-être même la plus belle. C’est bien plus tard, que je comprends qu’il s’agit de Trollstigen (littéralement « l’échelle des Trolls »), d’où cet afflux de touristes. Nous passons à côté d’un autre point de vue, hyper sophistiqué, très aménagé, limite un centre commercial ! Et oui, nous ne le savons pas mais la route des Trolls est juste derrière, et ce point de vue si aménagé donne directement dessus et la vue y est semble-t-il vertigineuse. Mais comme on ne le sait pas, on ne comprend pas.
Je fais une pause toutes les 10 minutes pour que Clément photographie tout ce spectacle. Comme hier, la région des hauts-plateaux mélange multitude de couleurs, du sombre, du clair, un peu comme la barbe grandissante de Clem, qui semble s’adapter à l’environnement : tout est « écaille de tortue ». Ecaille de tortue est une couleur de pelage de chat mêlant le noir, le blanc et le roux ! Paysage + barbe des mêmes couleurs. Est ce que moi aussi je vais finir écaille de tortue… ? Un lieu mérite vraiment un arrêt, moi même je m’essaye à la photo tant je suis bouche bée. Clément est aux anges.
Trollstigen, la mythique route des Trolls
Et puis, et puis, oooooooooohhhhhh Trollstigen, la route des Trolls ! La voilà dis donc ! 625 mètres au dessus du fjord, commence une belle descente de 10% de dénivelé, qui cumule 11 virages en épingle à cheveux, le long d’une chute d’eau de 180 mètres de hauteur ! Rien que ça ! Facile !
Trollstigen, fermée l’automne et l’hiver, est vertigineuse. D’ailleurs les véhicules de plus de 12 mètres y sont interdits, car ils ne pourraient pas virer. Elle est entourée de trois montagnes : Le roi (Kongen), la Reine (Dronningen) et l’Evêque (Bispen). Bon une petite route de campagne en somme !
Ok, je suis la conductrice la plus concentrée du monde et j’essaye de calmer les ardeurs du co-pilote qui veut s’arrêter à peu près partout durant cette descente. Impossible mon cher ! Très rock n’roll à voir, elle n’est pas si dure, probablement car tous les véhicules sont extrêmement vigilants. Clément gagne un arrêt à mi-parcours de la route et de la cascade. Mais il se met à pleuvoir et nous repartons finir cette beauté pour l’admirer du bas. Trollstigen est impressionnant en effet ! Mais personnellement, je me sens comme même mieux en fin de descente ! J’en profite pour souhaiter un bel anniversaire à Diablo, et nous repartons vers Andalsnes, directement au point d’infos des touristes.
La gare d’Andalsnes, notre nouveau bureau
La ville n’est ni très jolie, ni très fournie. Nous filons à la gare nous renseigner auprès d’un jeune (très jeune) salarié, qui nous propose plusieurs randonnées dans le coin. Deux nous interpellent, une d’une journée, c’est la randonnée phare de la région, mais il faut partir en bus le matin et une autre un peu plus loin, moins touristique. Clément est plutôt pour la seconde, moi pour la première. On file dans un café bobo, écolo, bio et girly pour décider de tout ça et puis le temps défile et il faut quitter les lieux. En pleine concentration, on décide de continuer de travailler. Clément a repéré que la gare a un accès wifi avec siège et table. Nous voici donc à investir le lieu, comme deux fugitifs. On se fait notre bureau, on s’étale, la salle est à nous et ici encore le temps défile. A 22H, le gardien nous met gentiment dehors.
Les Trolls, gardiens du van
Il faut que l’on trouve un repli stratégique désormais. On ne sait pas où dormir, nous n’avons rien vu de beau et Park4night ne nous inspire pas des masses. La ville n’est pas très belle, la gare non plus, on tente un recoin quelque part, mais plus lugubre qu’Essen pas possible ! On baisse finalement les bras et abdiquons pour une place de parking derrière des rails de chemins de fer. On ne peut pas avoir de belles vues tous les soirs ! Donc ce soir au menu : lugubre et sordide bonjour ! Mais bon c’est un parking rempli de voiture, à la vue de tous, on ne risque rien du tout. L’avantage de notre van est que dedans il est cosy et plein de charme, un peu en bazar mais chaleureux à souhait. On y est bien, au chaud, et peu importe l’extérieur pour ce soir ! De toute façon les Trolls veillent sur nous !
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[…] sur le mont Norafjellet, conseillée par l’adolescent de l’office de tourisme d’Andalsnes. On se réveille dans ce sublime parking de la gare, qui entre temps a repris vie. Le soleil est de […]
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