Surfer ou Seuper ?
Arrivés à la fameuse plage de Flaskstad, c’est une communauté de hippies qui a investit les lieux. L’entreprise de surf nous accueille sous des tipis et autres cabanes flowers power. La propriétaire n’est pas là, c’est donc la caricature de Gad Elmaley « Le Blond » qui prend le relai ! Beau gosse, grand musclé, blond, over surfer de toutes les vagues. Il papote avec le Slater du 19e des possibilités des vibes du jour. Moi qui ne comprends pas tout, je ne cherche pas plus, je regarde le décor de plage un poil adolescent entre le fluo et l’ambiance plume, peace et paréo hawaïen. Le Blond propose dans un premier temps qu’on le rejoigne le soir même à un festival de surfeurs, à quelques kilomètres d’ici. L’entrée serait gratuite en échange de photos. Quelques temps plus tard on apprendra qu’en fait ce n’est pas trop possible. Mais ce n’est pas grave, le Blond nous a offert de surfer cette après-midi gratuitement toujours en échange de photos. Moi perso je décline car je veux mon aprèm de fille, à bronzer au bord de la mer arctique mais Clément trépigne à l’idée de surfer ici !
Ni une, ni deux, le voilà à se faufiler d’un tipi à un autre pour mettre la combinaison, tester le matos, etc. Kelly Szmulewicz, beau comme un Dieu de la vague, finit par débouler sur la plage, tout de combi vêtu, telle un pub Coca-Cola : « Aujourd’hui poupée je vais chevaucher les vagues ». Okay guy ! Comme la mer est calme – pour ne pas dire en coma -, le Dieu de la vague va tester le SUP, dit le « seupe ». Le Stand Up Paddle. Le concept est grossomodo de se tenir debout (héhé : « stand up » et oui) et de pagayer grâce à une rame spéciale (re-héhé : « paddle » donc).
Wikipédia précise : « le stand up paddle se situe entre la pirogue et du surf moderne, anciennement pratiqué par les rois polynésiens sur d’immenses planches taillées dans des troncs d’arbre. Le but était d’explorer et de faire du commerce dans les lagons de leurs archipels magiques. Il a ensuite été repris dans les années 1940-50 par le célèbre champion de natation hawaïen Duke Kahanmoku et sa bande de copains les premiers Beach boys. »
WAAAAHH, quelle classe le Dieu de la vague est en fait un roi polynésien qui s’apprête
à découvrir de nouveaux archipels magiques ! J’adore ! Je m’installe sur la plage, prête à suivre les aventures de loin, avec mon zoom d’appareil photo faisant office de jumelles au cas où je perde de vue la pirogue. Le roi, plein d’assurance malgré cette première fois, s’élance dans les vagues, pagaye à la main, prêt affronter tempêtes et tourbillons ! Bon Clément Slater n’est pas très dur à identifier dans la mesure où il est seul dans l’eau ! Je ne suis donc que très relativement inquiète concernant cette veille naturelle et typiquement maternelle. Je me plonge tantôt dans la lecture, tantôt dans mes jumelles improvisées, tantôt dans les rayons du soleil, pendant qu’Indiana dompte la vaguelette ! En effet, la mer est globalement dans un état léthargique, les tourbillons de sel sont donc relativement gérables ; pour autant Slater Szmul en bavouille. Le Seupe à l’air assez physique, il faut gérer la coordination entre la pagaye, la direction le tout en équilibre debout sur la planche et mine de rien il faut surfer pendant ce temps-là. Donc je rigole, je rigole, mais ça n’a pas l’air hyper facile. Clément s’éclate. Seul au monde, il est quand même en train de surfer sur la mer arctique non d’une pipe en bois ! Et ça : est-ce que Duke Trucbidulemachin et les beach boys l’ont fait hein, hein ? Bah je ne crois pas moi !
Clément s’éclate tellement que les deux heures promises défilent en un rien de temps. Le Blond vient me voir et n’ose pas casser l’élan de la Polynésie arctique, mais lui il doit filer au festival et fermer la boutique, du coup, le plus naturellement du monde, il me propose que Clément continue autant de temps qu’il le souhaite et qu’il range le matos en partant. Le truc improbable, si typique de la bienveillance et la confiance naturelle des norvégiens, à des années lumières des français. Je suis sidérée et le rassure bien sûr de notre bonne conduite. Clem en profite et prolonge ses explorations tel Bob Morane contre tout chacal, l’aventurier contre tout guerrier. Et puis le frais fait son apparition en fin de journée, bah oui y’a un moment bon la méditerranée nordique à ses limites. Clément range le matériel et la combinaison, et se lance dans son shooting photos du lieu.