En route vers un autre port du sud : Lillesand
On a désormais une petite routine d’installation, on range à peu près tout le temps, on déplace, remet, replace. Pour prendre une chose il faut en décaler 10 et remettre les 9. Mais bizarrement ce n’est pas un problème. Un espace de 9m2 force l’organisation, et à être ordonné, cela prend du temps.
On commence à comprendre qu’entre le moment où l’on décide partir et le moment où l’on part, il se passe 2 siècles de préparation. Le temps est étiré. Comme il n’y a pas d’impératif horaire, on prend le temps, les notions temporelles commencent un peu à se perdre. On est lent. Ce qui est agréable mais qui pose souci aussi, car en fin de journée, on peut se dire que l’on n’a pas fait grand chose. C’est bien et pas à la fois. Ce sera l’objet de longues réflexions, qui s’installent un peu à notre esprit à ce moment là.
Nous partons donc vers le port de Lillesand, inversement placé à Lille en France, Lillesand est à mi-parcours de la côte, avant la grande ville du sud. Nous nous arrêtons au supermarché pour compléter les vivres, tels Robinson Crusoé sur son île : à la recherche de lessive à la main. Oui car les sous-vêtements s’épuisent et on ne prend pas de douche. Donc : lessive. Bon le rayon lessive nous laisse sans voix. De 6 à 15 euros le petit tube riquiqui. Ca pique. C’est trop cool la Norvège. Et puis on se jette sur le plat à la mode, qui pour le coup est abordable, (ma chère Maud) : le SAUMON. Et là par contre c’est chouette. Donc lessive : hors de prix, saumon : pas cher, pas cher. OKAY, message reçu, nous vivrons donc nus à manger du saumon 🙂 J’adore ce concept !
Clément continue la chasse, car quand même depuis Oslo, le petit est perdu. Il n’a toujours pas réglé son problème d’internet. Autant dire que l’homme se sent désorienté. C’est ainsi que vaille que vaille, il abandonna sa belle pour arpenter les rues scandinaves et revint vers elle avec le graal à portée de main, une mine mi-figue, mi-raisin : 10 giga, une semaine, 25 euros. S’en suivra une réflexion sur l’optimisation de nos forfaits, de cette puce, de comment et quand l’utiliser etc. Bill Gates est là.
Bon direction Lillesand DONC. 230 km. Facile ! Et bien une fois l’autoroute quitter lolilol, on découvre que oui mais non, c’est beaucoup moins facile. Il nous faudra quasiment 4 heures pour venir à bout de ces virages, des routes étroites, des montées et descentes et des limitations de vitesse. Le van est bichonné, je ne prends pas de risque donc je ralentis le rythme. Ca tombe bien, la route est sublime, c’est un spectacle en soi, mais elle est semée d’imprécisions, donc je suis en mode veille. Nous traversons le sud toute cette fin d’après-midi, on profite des paysages verts, toujours pas marin et toujours très campagne. Entre temps on reçoit des messages d’Antoine de Freed Home Camper, notre loueur de van, qui voudrait faire un skype ce soir, pour nous présenter quelqu’un. MYSTERE et BOULE DE GOMME. AH AH. Donc ok, mais on doit reculer le rdv car nous ne serons jamais dans les temps. Le trajet est à notre grande surprise très long !
Le port de Lillesand
Nous arrivons finalement dans ce petit port, fait de maisons blanches et de ruelles vallonnées. Comme un peu partout, les habitations sont immenses, en bois, un rappel à l’américaine avec ces jardins qui n’ont pas de frontière entre voisins, les voitures remorques. Autant dans l’ensemble du territoire les maisons sont comme tombées du ciel, un effet saupoudré, au sens où elles sont très espacées les unes des autres, autant ici tout est concentré. Un effet western se dégage un peu partout et ici aussi, cela n’échappe pas à l’ambiance générale. Du bois, du blanc, du doux. Un décor de film.
On se gare un peu plus loin que les camping car, sur le port. On aime beaucoup les ports, moi pour l’ambiance bien sûr et Clément, fidèle à lui même pour « l’efficacité, l’optimisation, la rentabilité » : « parce que tu vois ma chérie, ici il y a l’eau, la douche, on peut recharger, regonfler, re-tchecker, re-remplir les bidons d’eau, ré-organiser, etc, etc ».
Notre petite routine du soir aussi s’installe, après 4h de route, je prends un peu le temps de regarder autour, pour m’étirer. Clem lui file prendre en photo un skatepark nautique. Et puis on dîne notre super SAUMON très vite pour assurer notre skype avec Antoine et son invité mystère. On parle durant 1h de BIIIIIIIIIIIP et cela nous fait du bien de parler pour la première fois avec quelqu’un de notre initiation. Antoine connaît tout ça par coeur, c’est super car il nous laisse découvrir sans nous dévoiler avant nos impressions qui lui sont familières. A tel point que l’idée d’avoir le nôtre trotte… Nous sommes tout contents de partager ça avec un connaisseur, les vannes et blagues fusent, il fait toujours jour à 22h et on boit un verre de vin. Bonheur.
S’en suit une opération douche, car deux jours sans se laver oblige. Enfin quand on prend son shampoing à la place du gel douche, et que l’on oublie sa serviette et ses lunettes, sur un parking de port, c’est tout de suite plus compliqué, mais surtout très drôle ! Je reviens trempée, et vais joyeusement me coucher dans notre petite boîte sur roues.
La fin de la journée s’achève comme elle a commencé. Je me dis que la série de camping car installée face à la mer, ne dérange personne. Le parking est gratuit. Les voyageurs à roulettes déambulent sereinement, et calmement, regardent le coucher de soleil comme nous. Je me fais une réflexion sur la cohabitation, sur nous en France et notre rapport aux gens du voyage. Totalement différente. Quand bien même il s’agit d’une part d’un concept de tourisme et de l’autre d’un mode de vie. Tout est question de perception, d’éducation, d’état d’esprit et d’ambiance. Les douches sont auto-gérées par les utilisateurs. En France on s’imaginerait donc un état douteux, sale, opportuniste. Bon, en Norvège, c’est bien pensé, agréable, fonctionnel et surtout : très propre, respectueux. Du matin au soir : un modèle de savoir-vivre.