Jour 30 : de Helvetestinden à Ramberg, 27 km

Total : 4 950 km

Contre toute attente, la nuit défile sans réveil dû au froid, ou à l’inconfort. Bon ce n’est pas la nuit la plus reposante du périple, mais nous sommes relativement au chaud dans nos duvets, protégés par le ciel. Le soleil me titille les yeux tôt le matin, l’iPhone lui aussi au chaud dans le duvet me dit qu’il reste encore une petite heure de répit. Nos corps ont encore besoin de ce duvet, après l’ascension d’Helvetestinden et les émotions d’hier ! Je reste en veille, je sais que la matinée va être sportive et qu’il nous faudra être rapide. Le bateau du retour est à 10h et nous estimons que la redescende durera dans les deux heures de marche.

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Une nuit au-dessus du monde…

7h, l’heure du GO sonne et c’est parti pour un réveil sportif. Clem est aussi réveillé avant l’heure. Mais comme cette nuit est assez particulière, on veut aussi la réaliser. Donc nous prenons un peu de temps pour admirer la vue, à l’ouverture de la porte de la tente. Quel spectacle ! #Rêverlesyeuxouvertsbonjour ! Nous regardons, au petit matin, le soleil embrasser les cimes. C’est fou ! On a dormi là, normal : en haut de la montage, et vue sur les Fjords, aux bords des anges comme dit le poète près de moi. Clément file shooter les lumières du réveil, et moi je plonge mon nez dehors toute en lenteur. Je prépare un bon café chaud pour profiter pleinement et… ET BAH NON dans mes rêves le café, CAR NOUS N’AVONS TOUJOURS PAS DE POPOTE DEPUIS HIER ! #Rêverlesyeuxfermésbonjour !

Clément est dehors depuis 10 minutes à photographier le panorama quand je me décide à plier la tente igloo dans un petit vent froid du matin comme on aime. Il ne pleut pas, il faut beau, on recharge nos dos et épaules de poids et c’est parti. A 8h, adieu vue splendide et moment de fou. Bonjour descente de pierres, gadoue et petits cailloux vicieux qui te font glisser.

Nous descendons sans trop se parler, concentrés et heureux de ce moment. Apprécier ce passage exceptionnel, regarder où poser les pieds, jeter un coup d’œil à la montre de temps en temps, pas de pause ce matin, il faut y aller. On apprécie, marcher au réveil, sentir les jambes chauffer, le silence tout autour, le soleil qui illumine le paysage, on se sent bizarrement assez en forme et c’est vraiment un chouette moment. Armés de biscuits et de clémentines, nous descendons rapidement les pierres. Ca me semble nettement moins dur qu’hier, et nous descendons la montagne en un temps record d’1h30. Quelques tentes parsèment encore la plage. Certains prendront surement le bateau de l’après-midi ou du lendemain, d’autres sont sur le chemin et rentrent aussi au bercail. La nuit a dû être magique pour eux aussi.

Nous discutons avec deux norvégiennes très sympas en route. Elles nous parlent de la nature et de la place qu’elle prend dans leur culture, leur façon de vivre, leur mentalité. Elles nous parlent aussi des programmes télé, dont un reportage à propos des norvégiens qui vivent isolés, loin de tout. Dans un village près de là où nous sommes il n’y a qu’une maison. Un homme y a vécu très longtemps, ici, seul mais heureux. Clément est fasciné. Mais il n’y a pas moyen qu’il vive seul au fin fond d’un fjord que les choses soient claires. Il blague sur le prix du Nutella (75 dollars le pot tout de même) et le niveau de vie général de ce beau pays. Arrivés en bout de randonnée, on tombe sur une pancarte sur une de ces maisons abandonnée, qui nous a échappée la veille, peut-être parce qu’on se disputait à ce moment là, hum, hum. La pancarte invitait à faire un don pour réhabiliter la bicoque. Elle a même une page Facebook !

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… mais une nuit courte !

Nous arrivons dans les temps pour prendre le bateau du retour. Le bateau est bcp plus rapide qu’à l’aller. Tant mieux, car nous avons faim et envie de nous poser. La fatigue pointe son nez quand nous arrivons à Reine mais surtout la folle envie de prendre ce café fantasmé depuis des heures. On arrive au port à 10h30, on a l’impression qu’il est très tard mais non il est tôt et il n’y a personne dans les rues. On va se prendre un café, on se croit dans le sud à faire le marché et se poser au port. On profite de ce moment avant de retourner au van et cette sensation qu’il est 17h alors que pas du tout. Petit décalage ! Clément aimerait faire du surf dans les prochains jours, il parait qu’il y a un spot incroyable sur les îles, ce sera donc notre nouvel objectif !

De retour au van, (aaaaaahhhhh le van ! non mais la tente igloo c’est cool mais le van quand même ! grandeur et majesté !) on se sent terriblement sales. Ok pour le surf mais avant tout de chose il faut se laver, là vraiment ce n’est plus possible. Nous ne sommes pas lavés depuis une semaine… On sent que l’on atteint gentiment le seuil psychologique maximum. De toute façon il va pleuvoir aujourd’hui, donc c’est parfait. Je regarde sur la carte et l’appli pour combler les deux désirs du moment et démarre joyeusement notre belle maison bleue pour se rapprocher de la plage des surfeurs ! En vrai, on est rincés ! La nuit à jouer les Robinsons Crusoé aura raison de nous. Je rigole nerveusement, les à peine 20 ou 30 km me semblent très longs alors que c’est cacahuète par rapport à d’habitude. Le temps se couvre et il se met à pleuvoir. On repère deux campings possibles, bon on nous ne sommes pas d’accord mais comme là en fait on veut juste se poser, le débat tourne court. Nous irons au camping de Ramberg !

Crêpes party à la française !

A proximité des surfeurs, au bord de la plage ce sera très bien. C’est qu’on exige de la vue maintenant ! Nous nous y mettons à deux fois pour trouver le camping. Sur les coups de 13h, nous y entrons. Robinson gère la paperasse et l’emplacement de la maisonnée, charge les batteries (van, téléphone, ordi, et appareils photos) et moi je commence à faire ma Cendrillon, à tout nettoyer. Une après-midi cocooning s’offre à nous, la première, posée, depuis longtemps. Clément part joyeusement se doucher et moi je sombre dans une sieste méritée. Le pauvre tombe sur la seule douche sans eau chaude… La déception ! Après des jours d’attente ! (Le conseil du chef : éviter la douche en face de l’entrée du bâtiment à coté de la machine à laver !!!). Trop déçu, il part bougonner dans le salon au chaud pour geeker et avancer dans sa recherche de plan surf. Je le rejoins un peu plus tard, armée de tout l’attirail pour une soirée crêpes-lessives et investit tous les lieux communs !

Il y a beaucoup de monde dans ce camping c’est un peu la cohue. On doit faire la queue pour faire à manger, faire la vaisselle, manger, ça nous change. Mais Clément a réservé un petit coin tranquille dans la salle à manger. Et puis petit à petit, nous entendons des voix françaises tout autour de nous, alors on tend l’oreille et on se met à papoter avec nos acolytes. Un jeune couple, tout d’abord, qui nous raconte ses péripéties et ses hésitations de randonnées. Ils viennent du nord et descendent dans le sud, l’inverse de notre chemin. On les convainc facilement de tenter la montagne de l’Enfer ! A peine sortis de la randonnée, c’est sur, on a des étoiles dans les yeux et on peut vendre du rêve à à peu près tout le monde ! C’est sympa de parler avec d’autres français, c’est toujours plus simple de parler avec des inconnus français à l’étranger qu’en France d’ailleurs. Puis c’est un autre couple de français qui nous accompagnera la seconde partie de la soirée. Ils ont des pancakes, nous des crêpes, c’est le déclic. On parlera toute la soirée de la vie en France, ici, des projets des uns et des autres. D’autant que la jeune femme est kiné ! Entre deux cuillères de sucre et de Nutella, on apprécie d’échanger avec ces couples qui vadrouillent tout comme nous !

Tous nous ont parlé de la tempête du vendredi précédent, qui était quand même sacrément violente. Les premiers étaient à pieds, les second sous tente… Dur. Froid, pluie, grosse dépense pour manger. Là on apprécie d’autant plus notre van d’où on a vécu cette tempête. Bon nous étions garés au camping à ce moment là, mais tout de même. Çà a du être vraiment éprouvant pour eux. A côté, nous on est confort ++.

En nous écoutant parler, raconter nos aventures du début à aujourd’hui, j’ai la sensation que le voyage va crescendo. De plus en plus beau au fur et à mesure… Je suis fière de nous, rêveuse, admirative. Je réalise la chance que j’ai, qu’on a. C’est un peu émouvant dans le fond. Mais ce n’est pas le moment de s’émouvoir ! On finit la soirée entre franchouillards, à refaire le monde durant des heures, et à débattre comme de vrais français, avant de filer dans la nuit s’endormir… propres et… heureux !